La loi Molac pour les langues régionales : un débat houleux

La Loi Molac pour les langues régionales : un débat houleux

Le jeudi 8 avril 2021 aura marqué une journée historique pour Paul Molac, député du Morbihan, qui a donné son nom à la première loi consacrée aux langues régionales depuis la loi Deixonne du 11 janvier 1951. Cette dernière était la première loi autorisant l’enseignement des langues régionales en France.

PHOTO JONATHAN KONITZ / LE TELEGRAMME. LORIENT (56). Rencontre Bretagne-Pays de Galles, avec la présence de Carwyn Jones (Premier ministre Gallois, second plan en blanc) et Paul Molac (député du Morbihan, premier plan).

L’adoption à une très grande majorité (247 voix pour, 76 voix contre) de la loi Molac devait créer un cadre légal permettant de faciliter l’utilisation et les pratiques d’enseignement de ces langues.

Grâce à la mobilisation des associations et des réseaux d’enseignement des différentes langues régionales de notre territoire, la Loi Molac avait les objectifs suivants :

  • faire reconnaître l’appartenance des langues régionales au patrimoine immatériel de la France pour mieux pouvoir les protéger,
  • sécuriser juridiquement l’affichage dans l’espace public des traductions en langue régionale sur les inscriptions et les signalétiques publiques, ainsi que l’utilisation des signes diacritiques des langues régionales dans les actes d’état civil,
  • faire reconnaître l’enseignement par immersion en langue régionale à l’école publique, les enseignements généraux comme l’histoire-géographie par exemple pourraient être faits en langue régionale.

Mais c’était sans compter les 61 députés qui ont déposé un recours devant le conseil constitutionnel contre cette loi le 22 avril. Ce dernier rendra sa décision sous un mois au plus tard, et rendra public le texte du recours et la liste des signataires, qui reste floue.

Les linguistes font valoir que l’on défend mieux sa langue si l’on en parle d’autres. « Ceux qui font le moins d’anglicismes, ce sont les traducteurs ! », s’exclamait le célèbre linguiste Alain Rey.

« Jusqu’au début du XXe siècle, les Français étaient bilingues : ils parlaient une langue régionale et le français », souligne Henriette Walter. « Ils avaient donc l’habitude d’avoir une deuxième façon de dire les choses. »

Alors, « de quoi ont-ils peur ? », se demande Paul Molac.

Ce recours a suscité l’incompréhension et la déception des Offices publics des langues basque, bretonne, catalane et occitane. Ces derniers affirment que la loi « a été écrite et portée dans un esprit de construction d’un large consensus que le vote majoritaire du 8 avril a clairement confirmé ». Certains élus bretons ont aussi pris part au débat en critiquant cette loi sur Twitter, utilisant des hashtags comme #KetGantMaAnv et #PasEnMonNom.

Affaire à suivre, donc…

Sources :

Loi Molac. La « déception » des Offices publics des langues basque, bretonne, catalane et occitane (ouest-france.fr)

Morbihan : la loi Molac est adoptée, un jour historique pour les langues régionales | Le Ploërmelais (actu.fr)

Recours contre la loi Molac sur les langues régionales : « Mais de quoi ont-ils peur? » (francebleu.fr)

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