La traduction est un exercice périlleux qui présente de nombreuses difficultés. Elle est à l’origine d’erreurs aux conséquences anodines, tragiques ou amusantes. Voici une sélection d’erreurs, dont l’analyse permet une réflexion sur le processus de traduction.
La source d’erreurs de traduction peut parfois être une méconnaissance de la culture concernée. C’est le cas pour la traduction du terme « House of Commons », traduit par « hémicycle » en français alors que l’enceinte où siègent les élus canadiens est rectangulaire.
La traduction de la littérature présente aussi des erreurs d’inattention cocasses. C’est le cas dans la traduction deLady Oracle de Margaret Atwood, dans laquelle les termes « open fly » (« He smiled at me, I smiled back, and he lifted his daffodils to reveal his open fly »), qui a été traduit par « mouche éventrée » au lieu de « braguette ouverte ». Cette fois-ci, le concept existe dans les deux cultures, il ne peut donc s’agir que d’inattention de la part du traducteur.
Certaines erreurs d’inattention sont restées gravées dans la culture cible du texte traduit. C’est notamment le cas pour la Bible et son fruit défendu. Le français a eu tendance à l’appeler « pomme », mais il s’agit en fait d’une mauvaise traduction du latin pomum, qui désigne un fruit, quel qu’il soit. Il n’a jamais été question de malum, pomme, en latin.
La Bible présente bien des cas de mauvaise traduction. C’est le cas pour cette traduction de « Dieu défend l’adultère », qui est devenu en anglais : « God defends adultery », un contresens incroyable qui prête à la Bible des propos préconisant l’adultère.
Ainsi, la traduction ne doit pas être sous-estimée. La maîtriser est tout un art. René et Jeanine Etiemble, auteurs de l’ouvrage L’art d’écrire, disaient d’ailleurs : « Nul art langagier ne l’emporte en difficulté sur celui de bien traduire ». Les exemples étudiés ci-dessus semblent bien leur donner raison.
Article écrit par Jean Delisle et publié dans l’Actualité langagière en 2012