Que demander à son client avant de commencer une traduction ?
Il va de soi que chaque traduction est différente. Chaque client a ses propres exigences et chaque mission ses propres difficultés. Comment un traducteur peut-il s’assurer de mener son projet à son terme et en douceur ? La meilleure façon d’y parvenir est simplement de poser quelques questions à son client.
Il ne faut jamais avoir peur de poser des questions sur une mission. Si vous êtes nouveau dans le métier, ne croyez surtout pas que cela révèle votre inexpérience ! Au contraire, les clients adorent qu’on leur pose des questions intelligentes : elles révèlent que vous êtes un traducteur/chef de projet professionnel, soucieux de la qualité de son travail. Si un point n’est pas clair, n’hésitez pas à vous le faire préciser. Il se peut même que cela soulève une question à laquelle le client n’avait pas pensé.
Il faut néanmoins rester prudent, pour éviter de lui faire perdre son temps en le bombardant de milliers de questions auxquelles on pourrait soi-même apporter une réponse, et se demander par exemple :
Si la réponse à l’une de ces questions est « oui », vous êtes probablement capable de résoudre seul le problème. Dans le cas contraire, n’hésitez pas à demander de l’aide. Voici quelques questions clés utiles à poser si la réponse n’est pas immédiatement évidente.
*Ai-je déjà rencontré ce problème ?
*Puis-je trouver une réponse à ma question quelque part et notamment en ligne ?
*Le client m’a-t-il fourni des documents susceptibles de m’aider (puis-je consulter son site, par exemple) ?
Pour quel public ?
C’est la question principale et elle est déterminante pour votre traduction : si vous traduisez une brochure commerciale de lancement de produit, vous aurez à cœur d’introduire les termes et concepts nouveaux avec clarté et simplicité. En revanche, si vous traduisez une documentation technique pour ingénieurs, il faudra veiller à ne pas leur faire la leçon, ni leur expliquer ce qu’ils savent déjà.
Quel sera le format du fichier définitif ?
Il suffit parfois de se référer au fichier source, mais… pas toujours. Certaines sociétés peuvent produire du contenu via un traitement de texte avec l’intention de passer ensuite à l’infographie ou aux logiciels de PAO. Or, si vous êtes compétent et pouvez-vous en charger, leur épargner cette démarche supplémentaire peut valoriser votre traduction. Vous pouvez également recevoir d’une agence un projet à traduire avec un logiciel de TAO comme Trados avant exportation sous Word. Il vaut donc mieux poser la question en amont, afin de s’épargner un travail inutile.
Quelle variante de langue employer ?
Il n’existe pas de version unique ou universelle d’une langue. Assurez-vous des attentes de votre client sur ce point. Pour l’anglais, utiliserez-vous l’anglais britannique, américain, ou une autre de ses variantes ? En allemand, traduirez-vous pour le marché allemand, suisse ou autrichien ? Cette question soulève également des problèmes de style et de ton : quel degré de familiarité est autorisé ? Est-il possible d’inclure un dialogue local si la traduction s’adresse à une petite zone géographique bien ciblée ? Ce qui nous ramène à la question première de l’audience cible de notre client et à l’importance d’avoir réglé ces questions avant de prendre la plume (ou, plutôt le clavier).
Comment traiter les problèmes de localisation ?
A la différence de la question précédente, celle-ci concerne moins les points linguistiques (orthographe et grammaire) que les considérations pratiques et culturelles. Elle peut nécessiter que vous collaboriez avec le client pour trouver le juste équilibre entre ses désirs et les attentes de son public, ce pour quoi vous êtes formé. Les traducteurs de langue maternelle sont précieux – entre autres nombreuses raisons – parce qu’ils connaissent le marché local, ses conventions, ses références, ses tendances et particularités mieux que quiconque. Il peut être intéressant de savoir dans quelle mesure votre client envisage d’adapter une stratégie marketing existante à un nouveau marché : adopter le bon ton pour montrer qu’il est conscient de ses spécificités ou cultiver au contraire son identité « étrangère », à l’instar des entreprises de logiciels au ton joyeux et informel que nous associons à la Silicon Valley, ou de l’attention discrète que les constructeurs automobiles allemands portent à leurs prouesses d’ingénierie. Quelle que soit la décision de votre client, la question mérite de lui être posée.
Et même si votre client vous a fourni un guide exhaustif et un glossaire complet pour traiter une terminologie spécifiquement locale (il n’est pas interdit de rêver), vous pouvez encore tomber sur des écueils de localisation de moindre importance : monnaie inattendue, date et horaire sans indication de fuseau, auxquels cas vous ne pourrez faire autrement que de demander à votre client ses préconisations.
Votre carrière de traducteur/chef de projet vous réservera bien d’autres surprises, auxquelles vous n’auriez peut-être même jamais pensé. Mais si vous lui posez les bonnes questions, votre client sera en général content d’y répondre. Vous trouverez les solutions au fur et à mesure et votre travail en bénéficiera. Finalement, c’est positif pour vous, pour votre client, et au bout du compte pour le résultat final.