Pourquoi sauver une langue ?

Pourquoi sauver une langue ?

Nous sommes aujourd’hui témoins de l’extinction progressive de la plupart des 6 000 langues encore parlées  dans le monde par des groupes de personnes indigènes.

De nombreuses langues ont déjà disparu à ce jour, sans que cela ne change la face du monde, pourquoi faudrait-il s’en préoccuper maintenant ? Simplement parce que chaque langue, par les mots qu’elle emploie pour décrire le monde, ou le simple fonctionnement de sa grammaire, offre une fenêtre sur le monde qui lui est propre. Ainsi en russe, il n’existe pas de mot pour simplement dire « bleu ». Il faut nécessairement préciser s’il s’agit de bleu clair ou de bleu foncé. En chinois, on ne dit pas « la semaine dernière » ou « la semaine prochaine » mais « la semaine d’en dessous » et « la semaine d’au-dessus ». La disparition d’une langue est donc synonyme de l’extinction d’un mode de pensée original et fascinant, qui appauvrit notre vision du monde.

De plus, la langue participe à la constitution d’une culture en tant qu’entité cohérente. Elle n’en est pas condition mais en renforce la perception.

Enfin, toutes les langues actuellement parlées offrent une grande variété de termes ou d’idées qui n’existent pas nécessairement chez chacune d’elle. D’un point de vue scientifique et neurolinguistique, cela ne peut qu’attirer l’attention. Ainsi, une langue parlée en Nouvelle-Guinée utilise par exemple le même mot pour dire « manger », « boire » ou « fumer », une caractéristique très remarquable. Une autre langue de la même région utilise, elle, 90 sons, quand l’anglais, par exemple, n’en comporte que 44. Elle dispose également de 11 façons différentes de dire « sur », selon que cela s’applique à un objet horizontal, vertical, attaché, posé… Connaître ces particularités nous permet d’aiguiser notre perception du monde qui nous entoure mais aussi d’élargir considérablement notre conception du « normal ».

Voilà pourquoi nous devons fournir des efforts afin de sauvegarder autant de langues que possible, ou du moins les documenter afin de ne pas les laisser sombrer dans l’oubli.

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