Les anglicismes sont-ils too much ?

Les anglicismes sont-ils too much ?

« Bon, pas besoin de faire un speech, on se rapproche de la deadline. Je propose donc de faire un petit brainstorming asap. Le reporting et les screenshots sont prêts, je sens que ça va être un peu just donc on va essayer de switcher avec l’autre team pour aborder les bullet points en top priority ! »

Vous avez la nausée, n’est-ce pas ? Nous n’avons pas pu résister au plaisir de vous concocter un petit texte parsemé d’anglicismes ! Cependant, êtes-vous en mesure de le déchiffrer ? Bien que caricatural, ce dernier n’est pas vraiment loin de la réalité.  

Vous les détestez, et vous frissonner quand l’un de vos collègues en utilise un, au bureau d’à côté. Et pourtant vous les utilisez parfois, vous aussi, car il est compliqué de ne pas se laisser influencer. Les anglicismes qui sont employés à tort et à travers en entreprise sont un véritable fléau.

Les conversations (presque) bilingues au travail sont devenues banales. En effet, des mots et expressions en anglais se glissent de plus en plus couramment dans nos conversations professionnelles. Volonté de paraître à la mode ou réelle utilité, à vous de juger !

En voici une petite sélection parmi tant d’autres :

Brainstorming : venue de la publicité (dans les années 40), le brainstorming désignait une réunion de groupe, dont le but est de trouver un nombre conséquent d’idées publicitaires pour les clients. Par la suite, le terme est devenu employé pour tout et n’importe quoi, y compris en dehors du cadre professionnel, dès qu’il faut réfléchir à plusieurs.

Bullet points : excellente solution pour rigidifier et orchestrer sa pensée, les « puces » sont très en vogue pour s’organiser. De l’écriture des dossiers sur PowerPoint à l’agenda personnel, et aux listes de choses à faire, les puces sont synonymes d’efficacité.

Burnout : on ne compte plus le nombre d’articles de presse, et autres billets de coaching pour se protéger à tout prix du burnout, le syndrome d’épuisement professionnel. C’est le nouveau mal du siècle au travail, et la hantise de chaque employé.

Conf call : dans beaucoup d’entreprises, elles sont devenues des rituels… Les réunions de travail téléphoniques permettent de gagner à la fois du temps et de l’argent, tout en réunissant toutes les personnes disponibles. Comme ASAP, conf call est un anglicisme et est un terme court, que l’on dit dans un souci d’efficacité.

Corporate : avoir l’esprit d’entreprise. Essentiel pour n’importe quel employé souhaitant faire carrière dans une société. Quelqu’un de corporate est quelqu’un qui se sent à l’aise dans son entreprise, et qui en est un vrai ambassadeur.

Reporting : faire un reporting. Ou faire un rapport d’activité ou un compte-rendu.

Switch : la notion de changer ou d’échanger quelque chose, peu importe de quoi il s’agit. Switcher un jour de permanence avec un autre collègue, ou switcher les dates de vacances qu’on avait choisi au préalable.

Et la langue de Molière dans tout ça ?! Nombreux sont ceux qui montent au créneau et soulignent ces emprunts abusifs. En effet, en se creusant les méninges, on finit par trouver une formulaire française adaptée pour retranscrire notre pensée.

Oui, mais jusqu’à un certain point. Il faut parfois se rendre à l’évidence et admettre que certains termes sont difficilement substituables. Par exemple, les Américains nous vendent des « blockbusters », du « pop-corn » et des « roadmovies », vocabulaire du 7e art solidement ancré dans notre culture populaire. Changez ces termes par « explosions de quartier », « maïs soufflé » et « films de route » et vous perdez un peu (voire beaucoup) de leur pouvoir d’évocation, et prenez surtout le risque de passer pour un franchouillard névrosé en marge de la société.

Cocorico ! 🇫🇷 Ne baissons pas les bras, Charles Aznavour a dit : « Défendre la langue française est un devoir pour moi. » Merci Charles pour le reminder… Un brainstorming, vite !

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